Inflation : Comment revoir les prix de ses devis et protéger la rentabilité de son entreprise ?

28 juin 2022 | Catégorie 2

L’inflation suite à la crise du Covid-19, puis de la guerre en Ukraine bouscule considérablement les habitudes de nos clients artisans.

Le coût des matières augmente radicalement et par conséquent, les prix des devis doivent également être revus au risque d’affecter le résultat de votre entreprise de manière conséquente.

Notre objectif est de toujours mieux vous accompagner et vous apporter de la sérénité au travers de solutions concrètes dans le pilotage de votre entreprise.

C’est pourquoi, aujourd’hui, nous essayons de décrypter avec vous les bonnes pratiques commerciales et financières pour vous protéger d’une hausse importante chez vos fournisseurs ayant de trop grandes conséquences sur la santé de votre entreprise.

Vous devez d’ores et déjà avoir considéré la question de la hausse des prix de vos devis, et donc ses prix à la livraison.

Vous êtes-vous assuré de le faire sans prendre de risques légaux ?

Voici les grandes étapes auxquelles vous devez vous intéresser pour continuer votre activité, être rentable et en conformité légale.

1- Définir une nouvelle validité du devis.

Évidemment, un devis doit toujours comporter une durée de validité. Là-dessus, je ne vous apprends rien !

Ce qu’il faut réajuster est le délai de validité de votre devis.

Les prix fournisseurs et le matériel de construction, tout particulièrement, sont excessivement sensibles aux variations de prix.

À la place d’un mois ou deux, privilégier deux à trois semaines maximum.

Pensez également aux bons de commande.

Le délai d’acceptation du devis est une chose, si vous le maîtriser déjà, alors c’est un très bon démarrage.

Cependant, intéressez-vous également au délai entre l’acceptation de devis et la réalisation du chantier/projet ou de la prestation.

Par exemple :

1- Si votre client signe le devis en juillet et que vous effectuez les travaux en juillet/août, alors les risques sont minimes.

2- Si votre client signe le devis en juillet, mais que la prestation n’a lieu qu’en novembre, alors les risques sont plus élevés quant aux changements des prix fournisseurs.

Alors, comment faire ?

L’une des premières solutions que nos clients utilisent et qui fonctionne bien est d’encaisser l’acompte et commander tout de suite la marchandise pour bloquer le prix.

Cela ne veut pas pour autant dire qu’il ne faut pas accepter de chantier à 4, 6, 8 mois. Remplir votre carnet de commandes est toujours une très bonne chose.

Cela veut simplement dire, qu’il faut être plus vigilant à l’astuce juridique vous permettant d’anticiper les mauvaises surprises.

Dans ce cas, il faut penser à utiliser une clause de révision des prix, qui elle seule pourra vous protéger.

2- Anticiper une clause de révision des prix

Si dans les marchés publics, les clauses de renégociations sont obligatoires, ce n’est pas le cas dans les marchés privés.

J’essaie d’éclaircir la question pour vous :

Le but est tout simplement de ne pas sous-estimer les fluctuations de prix qui risquent d’impacter négativement vos marges, votre trésorerie et donc la rentabilité de votre entreprise.

Comme cette clause n’est pas automatique, il faut la rédiger, la stipuler dans vos conditions générales de ventes et qu’elle soit acceptée par votre client.

Cette clause est valable lorsque l’on identifie une évolution d’indice.

Il existe notamment une multitude d’indices, il faut donc bien penser à choisir l’indice propre à votre activité.

Tous les Index, comme tous les coûts d’ouvrages, sont constitués à partir des catégories suivantes d’indices :

  • Salaires et Charges
  • Matériel et Matériaux (spécifiques à chaque activité)
  • Energies
  • Transports
  • Frais divers (valorisant les frais généraux des sociétés de la branche)

Par exemple : si vous êtes une entreprise spécialisée dans les charpentes, vous utiliserez l’indice du bâtiment pour les ossatures et les charpentes métalliques (BT07).

Vous trouverez tous les indices et leurs valeurs à l’aide des sites suivants :

Bien que cette clause de révision existe, ce n’est pas l’unique solution à votre disposition. On parle également de clause d’actualisation.

La clause d’actualisation sert à revaloriser le prix au début de son exécution.

La particularité est qu’elle n’a lieu qu’en une seule fois contrairement à la clause de révision. Cette dernière revalorise les prix qu’au seul moment de l’envoi des avancements ou des factures définitives.

Quelle clause choisir ?

La principale différence est la suivante :

  • L’actualisation prend en compte la variation de prix :
    • entre la date d’établissement du devis
    • et la date de début des travaux.
  • La révision prend en compte les variations de prix :
    • depuis la date d’établissement des prix
    • jusqu’à la date des situations intermédiaires, autrement appelé, des factures d’avancements.

Il convient alors de définir laquelle est la plus avantageuse pour vous.

Il existe plusieurs formules pour effectuer une révision des prix, l’une des plus simples est celle-ci :

Pr (prix révisé HT) = P0 (Prix initial) × (Ir/ I0)

Ir = dernière valeur de l’Indice choisi, publié par l’Insee, du mois à la date de la révision (ou date anniversaire du contrat, date de facturation, date de situation…).

I0 = valeur de l’Indice choisi, publiée par l’Insee, du mois à la date de (remise de l’offre-signature de l’offre).

La CAPEB de votre région, spécialisée dans le secteur du bâtiment, peut vous aider à réaliser ses formules de révision des prix.

https://www.capeb.fr

3- Synthèse : tout part de la rédaction de vos CGV.

Si vous êtes arrivés jusqu’ici, tenez bon, on a bientôt fini !

Ce que vous devez bien comprendre, c’est que des bases solides vous permettront toujours de mieux anticiper les problèmes financiers et pour se protéger, la bonne pratique est de commencer par bien rédiger des Conditions Générales de Ventes.

Ces conditions accolées au devis lors de son envoi sont très souvent oubliées ou négligées. Et pourtant, qu’est ce que c’est important !

Évidemment, cela ne fait pas tout, mais c’est un bon début.

Il existe une multitude d’acteurs en mesure de rédiger ces conditions générales de ventes pour vous : avocats, juristes, conseillers, sites spécialisés…

Cela a un coût pour l’entreprise, mais vous permet généralement d’obtenir des conditions en règle avec la législation autant pour vous que pour vos clients.

Et souvent, l’omission de certaines mentions peut être sanctionnée de plusieurs milliers d’euros.

Néanmoins, vous pouvez également les rédiger vous-même.

Pensez seulement à bien vous documenter sur la législation applicable.

Par exemple, les mentions obligatoires sont les suivantes :

  • vos conditions de vente : quand s’effectue le transfert de propriété, modalités de livraison…
  • le barème de vos prix unitaires,
  • les modalités de réduction de prix : rabais, remises et ristournes notamment,
  • les conditions de règlement : avec notamment le taux des pénalités de retard et leurs conditions d’application,
  • depuis le 1 janvier 2013, il faut mentionner que tout retard de paiement entre professionnels rend désormais le débiteur redevable de plein droit d’une indemnité de 40 euros pour frais de recouvrement.

N’oubliez donc pas de renseigner ou rajouter votre clause de révision des prix à ce moment-là !

En espérant avoir pu vous aider,

N’hésitez pas à contacter un membre de l’équipe Olea Conseil si vous avez des questions, nous sommes toujours à votre service. 😊

Lilou 🕵🏻‍♀️